Appel à contributions « Travail et Balkans », spécial issue de la revue Études Balkaniques | Limite : 18/04/2025

(FRANÇAIS)

Le volume Travail et Balkans est prévu pour publication au second semestre de l’année 2026.

La revue n’est désormais disponible qu’en impression à la demande et est référencée sur la plateforme « CAIRN ». https://shs.cairn.info/revue-etudes-balkaniques-cahiers-pierre-belon?lang=fr&tab=apercu.

De plus, la revue est évaluée par un comité de lecture (peer review). Les directeurs de ce volume sont et Antonis Nasis, doctorant en histoire au CETOBaC (antonios.nasis[at]gmail.com) et Christos Andrianopoulos, docteur en histoire et membre du CRH de l’EHESS (andriano.paris10[at]gmail.com).

Les articles seront publiés en français, bien qu’un nombre limité de contributions en anglais soit accepté.

La longueur moyenne des articles est fixée à 40 000 signes. Les abstracts, accompagnés des fiches de participation dûment remplies, sont attendus jusqu’au 18 avril.

Pour toute soumission d’abstract ou demande de renseignements, veuillez écrire à l’adresse suivante : workandthebalkans@gmail.com

(ENGLISH)

The Travail et Balkans volume, scheduled for publication in the second half of 2026, is a peer-reviewed journal available on demand and indexed on the CAIRN platform, ensuring the highest academic standards.

https://shs.cairn.info/revue-etudes-balkaniques-cahiers-pierre-belon?lang=fr&tab=apercu.

The editors of this volume are Antonis Nasis, PhD candidate in history at EHESS/CETOBaC – University of Crete (antonios.nasis[at]ehess.fr), and Christos Andrianopoulos, PhD in History and member of the CRH at EHESS (andriano.paris10[at]gmail.com).

Articles will be published in French, although a limited number of contributions in English will also be accepted. The average length of articles is 40,000 characters. Abstracts, along with completed participation forms, are expected by April 18, and full articles must be submitted by September 26, 2025. For abstract submissions or further inquiries, please contact workandthebalkans@gmail.com

Plus d’informations ici.

La notion de travail, sa signification et la manière dont elle est construite culturellement,  socialement et historiquement varient considérablement d’une région et d’une société à l’autre.

Dans le contexte des Balkans, région riche en diversité culturelle, en complexité politique et en transformations historiques, la notion de travail a subi des changements significatifs. Ceux-ci ont été façonnés par divers systèmes socio-économiques, de la domination ottomane aux régimes socialistes et à la transition post-socialiste vers les économies de marché.
Ce volume collectif vise à explorer et à analyser de manière critique l’évolution des conceptions du travail dans le contexte des Balkans. Les auteur.e.s sont invité.e.s dans un premier temps à réfléchir à la manière dont le travail a été compris, pratiqué et vécu dans les Balkans à travers différentes périodes historiques, mais aussi sous le prisme des classes sociales, des dynamiques de genre et des contextes ruraux ou urbains. Il convient dans un deuxième temps s’interroger au contexte balkanique à travers l’analyse du travail, à la fois dans sa dimension sémantique et historique, et dans une perspective spatio-temporelle élargie. On pourrait enfin sonder le travail en tant que représentation ou imaginaire en examinant ses connotations dans les différentes langues balkaniques.

Par ailleurs, nous proposons de mettre en lumière des aspects moins explorés, tels que la géographie et l’environnement, en soulignant les importantes divergences du relief : les entités insulaires, les régions montagneuses, semi-montagneuses, les plaines, les villes côtières et l’hinterland. Nous considérerons également l’opposition entre les grands centres urbains (comme Istanbul) et les petits villages, le travail des femmes, le monde du travail domestique, les traditions artisanales, ainsi que les identités ouvrières dans les grands centres industriels.

D’autres points d’intérêt incluent la présence d’ouvriers étrangers (saisonniers ou pas), le travail intellectuel, les récits du travail, le militantisme dans le monde du travail (anarchisme, syndicalisme, formes marginales du communisme), les réformes du travail et la résistance à ces dernières. Enfin, nous aborderons la question épineuse du travail forcé et de l’esclavagisme, qui a persisté dans l’espace ottoman jusqu’au xxe siècle, malgré l’abrogation officielle.

Les approches historiographiques des Balkans restent souvent enfermées dans les tranchées traditionnelles, sans clarifier l’existence d’une spécificité « balkanique ». Certaines valorisent la période ottomane comme une période « sombre » et d’autres y voient un « laboratoire » de l’occidentalisation ou de la modernisation (notamment durant le xixe siècle), tandis que les historiographies nationales se concentrent sur l’émancipation post-ottomane. Ces approches situent souvent les questions par rapport à ce qui est décrit comme « l’Occident » dans une logique de progrès ou de non-progrès.

Cependant, de nouvelles approches historiographiques mettent en évidence la perméabilité des sociétés balkaniques aux idées modernes en provenance d’Occident, remettant en question les analyses qui attribuent certains phénomènes uniquement à des spécificités nationales ou culturelles propres à l’espace balkanique. D’ailleurs les Balkans, intégrés à des dynamiques globales, n’ont pas seulement absorbé ces influences extérieures, mais sont également devenus un foyer de production et de diffusion de nouvelles idées et de nouveaux défis, inscrivant ainsi les Balkans dans un cadre de transformations mondialisées.

Notre étude sur le travail dans les Balkans, que nous proposons d’effectuer dans le cadre de la revue Études Balkaniques, n’a pas pour ambition de s’opposer à ces diverses approches, mais plutôt de les réexaminer à la lumière d’une question qui n’a pas encore fait l’objet d’une analyse systématique. En effet, la question du travail n’est que rarement perçue comme une focale d’approche quant à l’espace balkanique. Elle a néanmoins toujours occupé une place centrale dans les sociétés de cette région. Au fil des années, elle a été explorée sous de nombreux angles : politique (distinction entre types de production socialistes et capitalistes), outil d’oppression (par exemple, pour les prisonniers politiques en Grèce), économique (comme modèle de travail en autogestion en Yougoslavie) ou encore comme marqueur de savoir-faire et de qualité des produits dans les cultures populaires.
Nous souhaitons élargir ces perspectives et examiner s’il existe une typologie du travail spécifique aux Balkans, au-delà des catégories rigides comme le socialisme, les empires, les nations et la guerre, soit dans une logique d’application de termes utilisés dans d’autres
contextes, souvent influencée par l’Europe ou les sociétés occidentales.

En examinant l’histoire du travail dans les Balkans, peut-on réellement parler d’« industrie », de « prolétariat », d’« usine », de « modernité », ou, au contraire, d’un « archaïsme » propre aux Balkans dans l’organisation du travail ? Quelles sont les différentes formes  d’organisation du travail, qu’elles soient scientifiques ou non, dans les Balkans à travers les époques variées et les différentes régions ? Quelle était la relation entre la tentative de centralisation de modèle de production de l’État ottoman face aux dynamiques centrifuges à l’échelle locale dans les provinces balkaniques? Comment le travail est-il représenté dans la littérature, l’art, le folklore et la culture populaire ? Qu’est-ce que cela nous apprend sur la valeur symbolique du travail dans les sociétés balkaniques ? Dans quelle mesure les appartenances ethniques/nationales, linguistiques et religieuses façonnent le marché du travail et comment ce dernier conditionne en retour le monde ouvrier ? Enfin, les flux diasporiques des Balkans jouent-ils un rôle dans la perpétuation des pratiques de travail « balkanique » dans des régions comme la Russie, l’Ukraine ou la Pologne ? Et enfin les crises du travail et du monde de la production dans l’espace balkanique contemporain peuvent-elles être interprétées comme la manifestation d’une crise d’un type de travail spécifiquement « balkanique » ou bien comme des défis d’un système global ?

Afin de répondre à ces questions, nous proposons de mener une analyse englobant plusieurs périodes historiques, du xviie siècle à nos jours, ainsi qu’un espace géographique étendu, dépassant les frontières géographiques et culturelles traditionnellement appelées Balkans. Ce numéro spécial de la revue vise à l’interdisciplinarité des contributions, ouvert à toutes les disciplines de sciences sociales et humaines (sociologie, anthropologie, histoire, sciences économiques etc.)


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
AFEBALK (14 avril 2025). Appel à contributions « Travail et Balkans », spécial issue de la revue Études Balkaniques | Limite : 18/04/2025. AFEBalk. Consulté le 8 juillet 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13qx9